Emploi: Les secrets du miracle danois
Taux de chômage à moins de 4%
Le modèle nordique suscite les convoitises
De nombreux pays de l’UE tentent de s’en inspirer
L’un des plus bas taux de chômage dans une société 100% alphabétisée
Sécurité, souplesse, voire flexibilité: Le tout en un ! Voici en quelques mots la recette du ‘laboratoire danois’ qui suscite actuellement les convoitises de l’UE. Le miracle danois se résume en un seul mot: Flexicurité; un néologisme qui est sur toutes les langues dans la capitale du royaume scandinave, Copenhague. La formule a fait mouche en si peu d’années puisqu’elle a permis le quasi-plein emploi. Le Danemark a réussi l’exploit remarquable de réduire son chômage de plus des deux tiers en 14 ans, passant de plus de 12% en 1993 à moins de 4 % aujourd’hui, d’inverser la courbe du chômage des jeunes, d’introduire une ‘activation’ (voir encadré) des demandeurs d’emploi pour les rendre responsables de leur propre quête d’emploi, le tout dans un consensus politique, social et syndical et sans alourdir les dépenses publiques. ‘En 2007, nous avons enregistré un taux de chômage de 3,3%’, s’enorgueillit Kim Taasby, conseiller du ministre de l’Emploi danois. En même temps, le conseiller reconnait que ce taux est tellement trop bas que certains s’inquiètent des déficits en main-d’oeuvre qualifiée dans des secteurs sensibles tels que les BTP, le transport ou encore l’agriculture. ‘Aujourd’hui, nous menons une campagne de communication avec un road show en Pologne pour convaincre les citoyens polonais de venir travailler chez nous’, poursuit Taasby. Idem en Suède. Le déficit en main-d’oeuvre est tel que le Danemark recrute à tour de bras dans les pays voisins: Les Allemands, eux, y travaillent souvent en tant que chauffeurs de bus.
Quant aux Suédois, ils sont prisés dans l’hôtellerie, restauration, cafés et autres services. compte tenu de la proximité géographique et linguistique. De nombreux suédois font la navette quotidiennement, par train (environ 30 mn) pour se rendre et travailler à Copenhague. En même temps, de nombreux danois pensent s’installer en Suède compte tenu du coût de la vie jugé un tantinet moins cher par rapport au royaume. Pour rappel, Copenhague est l’une des capitales les plus chères au monde.
Quant aux taxi-drivers, ce sont souvent des Palestiniens, Afghans, Irakiens, Turcs, Kurdes ou encore Pakistanais.
Avec une croissance en hausse soutenue, le Danemark continue d’appliquer avec succès sa politique dite ‘Flexicurity’: une contraction entre flexibilité et sécurité, qui fait beaucoup de jaloux dans le Vieux continent.
Le concept consiste à combiner au mieux dynamique économique, compétitivité, un taux d’embauche élevé. Le tout associé à une protection sociale. Depuis peu, de nombreux pays européens se sont résolus à s’en inspirer. L’UE a demandé en 2006 aux Etats membres de prêter une attention particulière au défi danois de la flexicurité. L’UE est appelée donc à exploiter les interdépendances entre la compétitivité de l’emploi et la sécurité sociale. Certains pays membres explorent déjà le moyen de développer une série de principes et mesures du concept nordique. Aujourd’hui, le ‘miracle’ danois attire les regards de la France. Des spécialistes de la sociologie du travail dans l’Hexagone sont en train de se pencher sur les fondements de cette recette danoise. Ils étudient notamment la possibilité de l’adapter aux spécificités de l’Hexagone. Ce concept qui fait la fierté des Danois est appelé aussi Triangle d’or, selon le conseiller du ministre. Car il induit une forte dynamique dans le marché du travail à travers trois variantes: une flexibilité traduite par une grande souplesse dans les recrutements, conjuguée à une sécurité sociale de haut niveau qui permet le renouvellement par le recrutement permanent de nouvelles recrues.
Enfin, l’orientation et la qualification aux besoins évolutifs du marché de l’emploi, résume Taasby. Résultat, le Danemark connait l’un des plus forts turn-over au monde. La sécurité de l’emploi est remplacée par la sécurité de trouver un emploi. ‘L’on protège le marché de l’emploi, lequel permet de protéger chacun dans son emploi’. Ce qui permet en même temps d’éliminer les profils incompatibles et générer des offres supplémentaires. Le marché du travail danois est connu pour promouvoir la libre circulation de la main-d’oeuvre. C’est le fondement de base de ce marché où l’on parle de pas moins de ‘100.000 salariés, soit quelque 35% de la population active qui changent d’emploi au moins une fois par an’, tient à souligner le conseiller du ministre de l’Emploi. Evidemment, la grande mobilité dans ce pays est un atout et non un signe d’instabilité comme il l’est au Maroc. Elle est perçue comme une richesse, un gage de polyvalence, de facilité d’adaptation et de forte qualification, résume le conseiller. Du coup, cela permet aux salariés de mieux négocier leurs salaires et de faire évoluer constamment leur grille salariale.
La cerise sur le gâteau, c’est que le modèle danois n’est pas fixé par le gouvernement ou pour des considérations politiques, soutient-on au département de l’Emploi. ‘Ce système a surtout été le fruit d’une évolution sociale et culturelle qui en a dicté les fondements’, explique le
Special adviser chargé du programme Emploi, Taasby. D’ailleurs, rappelons-le, la population danoise (environ 5,5 millions) est 100% alphabétisée. Plus de 85% de la population sont urbains.
Source : leconomiste.com