Formation ingénieurs : Le nouveau filon de l’attractivité marocaine

  • Les écoles françaises multiplient des partenariats avec leurs consoeurs au Maroc
  • La tension sur le ‘marché’ des ingénieurs crée un axe de croissance

Former 10.000 ingénieurs par an d’ici 2010, soit deux fois plus qu’actuellement. C’est l’objectif du Plan gouvernemental pour répondre aux besoins en compétences des secteurs visés par l’offshoring. Au sens du Plan ‘10.000 ingénieurs’, ingénieur renvoie non seulement au titre académique mais aussi, au contenu du métier. D’où l’association des universités (Facultés des sciences, facultés des sciences et techniques, etc.) et du secteur privé.
La météo sur le marché de l’emploi est particulièrement favorable aux ingénieurs, concurrence pour ces profils étant d’abord internationale. En France par exemple, ‘70.000 informaticiens vont manquer dans les cinq ans’, souligne Nicolas Sadirac, directeur de l’Ecole internationale des technologies de l’information et de la communication (Epitech). L’Epitech appartient au groupe Ionis, un des plus grands groupes d’enseignement privé dans l’Hexagone.
La tension sur la demande des ingénieurs crée forcément des opportunités pour les établissements d’enseignement. D’où la multiplication des partenariats entre les écoles françaises et marocaines. L’an dernier, l’Epitech a conclu un accord avec l’ESG Maroc. De formes diverses, ces conventions obéissent à la même logique de la part des écoles françaises: les offres de formation sont insuffisantes au Maroc pour répondre aux besoins des entreprises marocaines ou des filiales des groupes étrangers qui s’implantent au Maroc.
Si l’Epitech a choisi le Maroc, ce n’est pas un hasard, justifie sa direction. ‘La Chambre de commerce et d’industrie de Paris, qui travaille en collaboration avec la Chambre française du commerce et de l’industrie au Maroc, nous a informés que de nombreuses entreprises françaises souhaitant installer des plateformes offshore au Maroc embauchaient des ingénieurs français, faute de main-d’oeuvre locale compétente’, explique Nicolas Sadirac.
Pour sa toute jeune école (elle a seulement 9 ans), déjà présente en Chine, en Inde, au Vietnam, au Sénégal, c’est l’opportunité ‘de diffuser le nom de l’école dans le monde’ et de gagner en standing international. Pour l’ESG, c’est un partenariat de plus avec la France. Membre de la Conférence des grandes écoles (Maroc), l’école est liée depuis sept ans avec Toulouse 1 et l’Université Paul Sabatier de Toulouse pour un master ingénierie et gestion des systèmes d’information et un diplôme méthodes informatiques appliquées à la gestion. L’intérêt? ‘Nous sommes confrontés à une évasion des cerveaux marocains, davantage attirés par les formations françaises. Par les partenariats, on importe en quelque sorte les écoles françaises et leur réputation’, remarque Jacques Knafo, directeur de l’ESG Maroc. Et la mayonnaise commence à prendre car des étudiants français s’inscrivent dans les établissements marocains.
L’INPT (Institut national des postes et télécommunications) a reçu des demandes d’inscriptions de la part d’étudiants français. ‘La diversification de notre collaboration avec des écoles françaises reconnues, la mise en Å“uvre du système européen LMD et la similitude entre les programmes ont sans doute favorisé ce mouvement’, analyse Naja Najib, responsable pédagogique du cycle ingénieur à l’INPT. ‘De plus, nombre de nos lauréats ont travaillé ou travaillent dans des entreprises étrangères. Leurs compétences sont désormais reconnues’, souligne-t-il.
Les échanges de stagiaires dans le cadre de la coopération académique avec les écoles françaises appartenant, comme l’INPT, au groupement des écoles de télécommunication ont peut-être également aidé à la reconnaissance des qualités des élèves marocains. ‘Ils ont de bonnes bases dans les matières scientifiques et la volonté de réussir’, souligne Pierre Aliphat, directeur général du groupe Esiea, fondateur avec Segepec group en 2002 de l’Emiae.
‘La majorité de nos étudiants étrangers étaient Marocains’, se souvient Mohamed Lambarki, ancien directeur de l’Emiae. ‘Aujourd’hui, avec l’antenne marocaine, ils représentent 15 à 25% de nos effectifs, preuve d’une forte demande locale à laquelle les écoles marocaines ne semblaient pas répondre’, poursuit-il.
Même constat du côté de Grenoble Ecole de management liée à l’Esca par des accords de coopération académique. En partenariat avec SAS institut, leader mondial de l’intelligence business, les deux écoles ont ouvert un master spécialisé en management de projet décisionnel.
‘L’objectif est de former un hub africain au Maroc, pays le plus avancé dans ce domaine sur le continent’, précise Jean-François Fiorina, directeur de Grenoble Ecole de management.

Source : leconomiste.com

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