Point de vue : Retraite et épargne au Maroc, Réformer ou changer de système

La déformation de la pyramide démographique et l’allongement de l’espérance de vie, poussent les responsables de plusieurs pays à repenser leurs systèmes de retraites.

Pour aboutir à des solutions de réformes pratiques, ils se sont rassemblés lors d’un workshop international sur les retraites et l’épargne, organisé par l’institut CDG, le 5 avril, à Rabat.

Au Maroc, les systèmes de retraite demeurent défaillants. Les organismes qui les gèrent ne satisfont que 35% de leurs engagements vis-à-vis des retraités et autres affiliés actifs. De récentes études actuarielles sur les régimes de retraite marocains ont confirmé cette réalité. L’ensemble des organismes de retraite au Maroc (CMR, CNSS et CIMR) ne couvre actuellement que 35% des engagements envers les affiliés actifs et retraités, laissant ainsi apparaitre une dette conjointe avoisinant l’équivalent d’une année de Produit Intérieur Brut (PIB).

Les mesures de redressement portées auparavant aux différents systèmes de retraite n’ont pas apporté les améliorations escomptées. La structure démographique nationale devient de moins en moins pyramidale. Elle laisse une place de plus en plus grande aux pensionnés.

D’où l’impérieuse nécessité d’une réforme globale des caisses des retraites. Il y va non seulement de la pérennité des systèmes de retraites, mais également de celui de l’épargne au Maroc.

Pour approfondir la réflexion sur les issues possibles, un workshop a été organisé les 4 et 5 avril à Rabat à l’initiative de l’Institut CDG, en partenariat avec l’Université Paris-Dauphine (France), l’Institut National d’Etudes Démographique (INED- France), School of Economics and Management (ISEG- Université de Lisbonne) et Centro de investigaçao sobre economia financeira (CIEF- Portugal). L’occasion pour des intervenants du Maroc et de l’étranger d’expliquer les enjeux importants qu’impliquent les réformes des systèmes de retraite.

Quel système de retraite choisir alors ? Najat El Mekkaoui de Freitas (Université Paris-Dauphine) a présenté un exposé sur le thème « Epargne, consommation et systèmes de retraites » dans lequel elle a mis l’accent sur les interactions entre les types de financement des systèmes de retraites (par répartition ou par capitalisation), de l’épargne, de l’emploi et la consommation des ménages. Dans les pays où le financement des retraites s’effectue par capitalisation, la consommation des ménages s’avère faible et du coup, l’épargne n’est pas significative.

Par contre, dans les pays, qui optent pour un système de financement de retraites par répartition, c’est l’inverse qui se produit et l’épargne est élevée, a-t-elle soulevé. Dans un système de retraite par répartition, les cotisations, versées par les adhérents actifs au titre de l’assurance vieillesse, sont immédiatement utilisées pour payer les pensions des retraités. Ce système repose donc sur une forte solidarité entre générations.

Il est financé par les cotisations et les produits financiers et assoit son équilibre du rapport entre le nombre de cotisants et celui des retraités.

Ce même système de retraite est adopté au Maroc par les caisses CMR (caisse marocaine des retraites), CNSS (caisse nationale de sécurité sociale), CIMR (caisse interprofessionnelle marocaine de retraite) et les Caisses internes dont le RCAR (régime collectif d’allocation de retraite).

Dans un régime de retraite par capitalisation, le principe de solidarité intergénérationnelle est inexistant. Les actifs épargnent aujourd’hui pour leur propre compte. Les cotisations font l’objet de placements financiers ou immobiliers, dont le rendement dépend essentiellement de l’évolution des taux d’intérêt.

Ce système de retraite par capitalisation est ouvert tout de même à la solidarité, du moment qu’il peut être effectué dans un cadre individuel ou collectif.

Entre répartition ou capitalisation et face à des inquiétudes de défaillance des caisses de retraites, le système marocain devrait se doter d’une dose de capitalisation sans toutefois abandonner le principe de solidarité et les dispositifs publics.

Source : lereporter.ma

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