Recrutement: CV en béton exigé !
Le cabinet Invest RH a réalisé une enquête sur les nouvelles tendances du recrutement au Maroc. Ses conclusions seront présentées ce matin au Forum GRH à Casablanca. Les entreprises ont durci la sélection tandis que l’acte de recrutement se professionnalise. Par ailleurs, la mobilité des cadres s’accentue. Khadija Boughaba, directrice générale d’Invest RH, analyse ces résultats.
Les entreprises envisagent-elles de nouvelles manières de recruter? C’est la question essentielle que se posent les cabinets de recrutement au Maroc. Actuellement, les entreprises demandent des profils très pointus et systématiquement de l’expérience pour des fonctions de manager. ‘Le problème de cette sursélection contribue à la difficulté d’insertion des jeunes diplômés qui sont eux-mêmes, déjà mal préparés à affronter les obstacles de la vie professionnelle’, commente Khadija Boughaba, directrice générale d’Invest RH.
En effet, selon l’enquête, ‘les candidats sont désemparés face aux exigences des employeurs; ils lancent un cri de désespoir car malgré leur formation, ils ont de plus en plus de mal à trouver un emploi. Sans expérience sur le CV, point de chance de décrocher un ‘job’. Une exigence logique en raison de l’environnement concurrentiel et ses contraintes de performances qui pèsent sur les entreprises.
La conséquence immédiate est l’agrandissement du fossé entre l’offre et la demande sur le marché du travail. Une des réponses à ce phénomène est la professionnalisation des cursus universitaires. Des programmes de formation plus adaptés aux besoins du marché sont introduits dans les Facultés qui multiplient par ailleurs des partenariats avec les entreprises. Certaines ont adopté des formules de formation avec stages obligatoires en entreprises, seul moyen d’augmenter l’employabilité et les chances d’insertion de leurs lauréats.
Deuxième grande conclusion de l’enquête d’Invest RH: les candidats interrogés (3.000) souhaiteraient que les entreprises fassent du recrutement un acte de management stratégique à part entière et des relations professionnelles et personnalisées. Dans les faits, on est loin du compte.
L’adoption de nouveaux outils de recherche et de communication par Internet ont généré de nouvelles attentes chez les candidats en termes de délai de traitement et de retour d’information. Cette prise de conscience passe par une professionnalisation de l’acte de recrutement tant en entreprise qu’aux niveaux des intermédiaires.
‘Nous assistons aujourd’hui à un bouleversement des rapports candidats-entreprises’, observe la DG d’Invest RH. Ceci est le fruit de plusieurs facteurs dont la redynamisation du marché du travail par la création massive d’emplois dans certains secteurs tels que le BTP ou l’offshoring. Les profils disposant d’une expertise rare et recherchée augmentent les ‘enchères’. Il ressort enfin que les cadres deviennent de plus en plus infidèles. Fait nouveau, le changement d’employeur n’est plus seulement motivé par des considérations matérielles. Autant que le salaire, les avantages sociaux, la formation continue et le style de management pratiqué dans l’entreprise sont facteurs attractifs pour une entreprise et font partie de son ‘marketing RH’. Ces éléments constituent à l’évidence des piliers de fidélisation.
Cette évolution-là, les dirigeants, et certains ‘despotes’ parmi eux, devraient y prêter le maximum d’attention s’ils ne veulent pas voir partir leurs meilleurs éléments à la concurrence.
Source : leconomiste.com