Retraite : Réforme – Surcotisation, fonds de pension, solutions imaginées ailleurs
Plusieurs pays dans le monde ont dû faire face au problème de vieillissement de leurs populations et à son impact sur leurs systèmes de retraite. Ils ont agi sur plusieurs paramètres, à savoir, entre autres, la période d’activité, le taux des cotisations et le niveau des prestations. Mais à coté de ces changements paramétriques, ces pays ont dû revoir le mode de financement de leurs systèmes de retraite et/ou la politique d’investissement des réserves, deux éléments déterminants de la viabilité d’un système de retraite.
En France par exemple, le mode de financement est passé de la répartition ‘ pure ‘ à celle dite ‘provisionnée’. Dans la première, les actifs actuels financent les retraités actuels. Les excédents qui se dégagent sont placés dans différents marchés, mais avec un objectif de sécurité plus que de rendement. Mais quand on est face au phénomène de vieillissement de la population, ces excédents diminuent jusqu’au point de devenir des déficits. La répartition provisionnée mise en place en France est venue résoudre ce problème. Elle consiste à faire payer aux actifs une surcotisation qui sert à alimenter un fonds de réserve géré d’une façon plus dynamique sur les marchés financiers. Il est en effet investi à hauteur de 55% en actions et 44% en obligation, et servira à combler le déficit du système par répartition.
Au Etats-Unis par contre, on a apporté une dose de capitalisation au système de retraite à travers la mise en place des régimes professionnels connus sous le nom de fonds de pension. A coté du régime de base qui, lui, est financé par répartition, les fonds de pension reposent sur l’individualité de la retraite. Un actif finance en effet sa retraite et non celle des autres en cotisant dans le fonds de sa société ou d’un groupe de sociétés. Dans ce cas-là, le vieillissement de la population ne pose pas problème, car la viabilité des fonds de pension dépend du rendement des investissements, qui sont dans la plupart des cas orientés vers le marché des actions à une proportion qui dépasse les 60%, le reste étant placé sur le marché obligataire. Ce mode de financement du système de retraite a connu un franc succès jusqu’au milieu des années 1980, période à partir de laquelle les crises boursières et la baisse des rendements obligataires ont conduit à la défaillance de plusieurs fonds de pension. Il n’empêche que les fonds de pension constituent une alternative viable car, sur le long terme, le marché actions finit toujours par s’inscrire à la hausse.
Pour le cas du Maroc, le régime de retraite obligatoire (CNSS et CMR) est financé par répartition. Les réserves dans ces régimes ont toujours été placées (suivant les quotas du ministère des finances) sur le marché obligataire à des proportions qui dépassent les 80%, tandis que la quote-part investie en actions arrive à peine à 10%. Le régime complémentaire (CIMR et RCAR) est financé, lui, à la fois par capitalisation et répartition, et bénéficie de plus de souplesse par rapport à sa politique d’investissement. C’est, entre autres, la raison pour laquelle sa durée de viabilité est plus élevée que celle du régime obligatoire.
La retraite à 68 ans en Grande-Bretagne et en France ?
Le relèvement de l’age de départ à la retraite est une réforme paramétrique inévitable. Sa mise en place, expliquent les spécialistes de la question, différera de plusieurs années le déséquilibre financier des quatre régimes de retraite existants. Outre cet impératif, la tendance internationale vers une retraite tardive constitue un deuxième argument favorable à son adoption. En effet, plusieurs pays, notamment européens, sont aujourd’hui en passe d’instituer une retraite au-delà de 60 ans.
Ainsi en France, on envisage le relèvement de l’age de la retraite à 68 ans mais avec la possibilité pour les salariés d’opter pour une pension proportionnelle anticipée. En Grande-Bretagne, le relèvement de l’age de la retraite à 68 ans est aussi à l’ordre du jour. Dans ces deux pays où l’espérance de vie atteint 80 ans, la réforme de l’age de la retraite s’impose de façon urgente. Le Maroc doit suivre ces exemples tout en tenant compte des spécificités de sa population.
Source : lavieeco.com